Je pourrais passer la soirée à réfléchir, prostrée sur mon canapé. Ma tasse de thé entre les mains, un frisson me parcours. Silence absolu autour de moi ou presque : je devine le grésillement de la lampe et j’entends vaguement le vent derrière mes fenêtres. Le regard fixé sur ma bibliothèque où Bilal côtoie Bowie : un hasard ; je ne suis pas du style à classer par ordre alphabétique, où le roman de mon frère traîne entre Oscar Wilde et Jack Kerouac, où Sexus attend langoureusement la compagnie de Nexus, où Barjavel a oublié de donner rendez-vous à Vian, où Baudelaire erre seul avec son spleen…et moi avec le mien.
Je manque de temps pour penser et pourtant qu’est-ce que j’aime ça et j’en ai tellement besoin. Non pas trouver des solutions ou des réponses, ça, c’est une utopie que d’y croire. Non pas comprendre ou espérer une explication…j’y ai renoncé depuis longtemps. Non, juste penser… à tout, à rien, laisser les images arriver, laisser passer les nuages et les pensées, les idées et les mots. Fixer un point imaginaire là-bas, derrière les arbres en contrebas de ma terrasse, plus loin que les champs, au-delà des montagnes…me trouver, enfin. Mais qui suis-je?
Le regard dans le vide, je fixe l’écran de mon ordinateur. Parfaitement immobile, je me surprends à ne penser à rien tout à coup. Je ne ressens plus rien. C’est grave, je n’en ai pas l’habitude…qu’est-ce qui m’arrive ? D’où provient cette vacuité ? Ma respiration est lente et calme, tous mes membres sont détendus, mon cerveau a buggé…il a oublié de penser durant un instant. J’ai disparu.
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