Cette fois, j’ai réussi à faire le pas car l’eau a coulé sous les ponts. Je suis allée à Marseille, sans toi mais tu étais néanmoins parfois dans mes pensées. Je ne peux pas te garantir que j’ai reconnu tous les endroits que tu m’as fait visiter avec passion et amusement grâce à google streetview à l'époque du covid, mais je peux t'assurer que devant le vieux port, je revoyais ton tableau et j’imaginais cette sardine géante qui le bouchait ! J'entendais ton rire! J’aurais tellement aimé que tu puisses me faire découvrir Marseille, aussi hors des hauts lieux touristiques, mais j’ai dû me débrouiller seule et je n’ai pas osé m’aventurer partout.
Je me suis imaginé ta grande carcasse déambuler flegmatiquement dans ces ruelles étroites, boire un pastis sur une terrasse et partager une discussion engagée avec tes potes, jouer avec plein de mauvaise foi une partie de pétanque, sprayer à la sauvage quelques graffiti et conduire cette moto trop pétaradante.
Je suis montée à la « Bonne mère », passage obligé. Là, j’ai allumé une bougie en ta mémoire, tu étais là, je le sentais, tu me regardais. J’ai pensé à toi. Je sais que tu es en paix maintenant.
Les bruits, les odeurs, la couleur du ciel et de la mer, l’accent et la gentillesse des gens, j’ai tout compris, j’ai ressenti ton attachement à ce pays, j’ai imaginé comme cela a dû être difficile de le quitter, le choc culturel et climatique, mais j’ai aussi compris ce qui t’avait plu dans nos montagnes en faisant certains parallèles.
Tu as vraiment eu la chance de vivre dans une région magnifique, la France du Sud est vraiment un endroit que j’aime. Un jour sûrement, je vais faire le voyage inverse tu vois.
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